Madame Butterfly est sans aucun doute un personnage d'opéra parmi les plus beaux et les plus touchants. Héroïne de la célèbre tragédie de Giacomo Puccini, cette jeune geisha épouse un officier américain dans le Nagasaki du début 20e.
Micaela Carosi interprète la dame Papillon ce mois-ci à l'Opéra Bastille.
Des costumes épurés et un décor très sobre sur lequel varient des lumières bleue, rouge et orangée, sont le fruit d'une mise en scène signée Robert Wilson.
Acte I. Les personnages dans leurs longues robes semblent glisser d'un bout à l'autre de la scène. Un choeur de geishas accompagne Cio-Cio-San (madame Papillon) pour sa cérémonie de mariage. Des serviteurs aux allures de samouraïs accourent sur les ordres de l'entremetteur Goro. Quelques ombres chinoises égayent ce décor japonais.
Dans la fosse, les cymbales viennent mettre le point final au chant d'amour de madame Butterfly.
A l'entracte, coupes de champagne, manteaux de fourrure et rouges à lèvres parsèment la foule. On parle anglais, italien, russe. Un groupe de japonais fait la queue pour avoir des sandwichs. Une dame aux cheveux gris explique les amours contrariées de la jeune geisha à sa petite fille.
Acte II. Madame Butterfly a eu un enfant et elle attend le retour de son époux. Trois ans se sont écoulés depuis le départ de Pinkerton. L'ancienne geisha a troqué sa robe blanche contre une noire. Elle boit du thé dans sa maison en bois, refuse les prétendants qu'on lui amène.
Lorsque résonne l'air
"Un bel di, vedremo", la douleur de Madame Butterfly est si palpable que ses chants traduisent ses pleurs.
Pinkerton avait pris son engagement à la légère. Il revient avec une épouse américaine.
"Chi é la donna? - E la sua moglie". La vérité frappe de plein fouet madame Butterfly. Tout a changé. Son amour a été trompé et voilà que Pinkerton réclame l'enfant.
La scène finale rappelle étrangement celle de
Carmen. Un amour devenu non partagé.
L'héroïne japonaise se poignarde et son époux ne peut que lui crier pour les dernières fois
"Butterfly! Butterfly! Butterfly!" avant que le rideau ne tombe.
Photos: leschroniquesdelouise