mercredi 24 juin 2009

Sous la coupole des immortels

De retour de l'Institut de France, je ne peux m'empêcher de "poster" pour vous cette nouvelle chronique.
Il y a quelques heures, le Cheikh, Emir du Qatar, et sa femme, la Cheikha, étaient sous la coupole de l'Institut.
Le motif? L'installation de la Cheikha à l'Académie des Beaux-Arts (l'une des cinq académies composant l'Institut de France et qui compte huit sections d'expression artistique composées de mécènes, artistes et personnalités du monde culturel).
C'est comme membre associé étranger que la première dame du Qatar a été élue à l'Académie.

La garde républicaine était au rendez-vous (et au garde à vous le long du tapis rouge qui ornait la cour d'honneur), mais aussi des personnalités telles que Ségolène Royal, Rachida Dati, la sous-préfet de Paris ou encore la femme et la fille de l'ambassadeur du Qatar à Paris.
Une fois que tout le monde eut pris place sous la coupole, le Cheikh et la Cheikha ont fait leur entrée au son des tambours. Vêtement traditionnel pour lui, habit d'Académicien pour elle.
Il était amusant de voir le contraste entre les habits des Académiciens et ceux de la délégation du Qatar! Un vrai choc des cultures.

Et c'est d'un dialogue des civilisations que la Cheikha a parlé pendant son très beau discours. Réconcilier les cultures, "savoir utiliser les énergies qui sont à l'intérieur de chaque être humain, celles que Dieu nous a données", voilà les défis de l'humanité d'aujourd'hui.
En évoquant l'histoire du calife de Cordoue qui enrichit l'Andalousie d'un grand patrimoine artistique, la Cheikha a voulu montrer qu'un rapprochement entre les idées et la culture est la morale à tirer de cette histoire.
Elle a ensuite parlé de l'art comme valeur essentielle, comme mission noble et éternelle, avant de conclure sur la nécessité de redonner son vrai sens à l'humanité qui est menacée.
De la coupole, nous nous sommes tous dirigés vers la cour d'honneur pour la remise de l'épée à la Cheikha.
Tandis que les Académiciens se tenaient droits dans leurs beaux habits et regardaient avec admiration leur nouvelle consoeur, les proches de l'Emir plaisantaient entre eux. Un sourire étaient sur tous les visages. La réconciliation des civilisations.

Pour clôturer cette splendide cérémonie, une réception en l'honneur de Son Altesse dans les Salons de la Comtesse de Caen.
Tapis rouge et garde républicaine à nouveau. Puis un décor oriental et des mets plus exquis les uns que les autres. Du sirop de rose, des figues séchées avec du foie gras, des patisseries arabes, du thé.

Tout le monde se bousculait pour saluer le Cheikh et la Cheikha.
Dans un coin, Rachida Dati n'arrrêtait pas de discuter, perchée sur ses vertigineux talons.
Il était temps pour moi de quitter les fastes de l'Institut. Saluée par la garde, j'ai franchi le seuil avant de me retrouver dans la foule des touristes qui se massait en face de l'entrée.

Photos: leschroniquesdelouise

jeudi 4 juin 2009

Chine, souviens-toi de Tian'anmen

Ce mercredi 3 juin, la place du Trocadéro a vu une foule se rassembler pour la commémoration du vingtième anniversaire du massacre de Tian'anmen. Pierre Bergé et Marie Holzman-sinologue spécialiste de la Chine contemporaine- ont parlé avec gravité de l'absence de mémoire en Chine. Les droits de l'homme étaient au coeur des discours -en chinois et en français- et chacun était venu pour puiser un peu d'espoir après tant d'années d'oubli voulues par les autorités chinoises.

Pierre Bergé, Jack Lang et Marie Holzman

"Pékin nous doit la vérité", ont déclaré plusieurs dissidents réunis à Paris le 26 mai dernier lors d’une conférence de presse au Grand Palais. J'y ai vu et entendu des chinois réfugiés en France qui n'ont pas revu leur patrie et leurs familles depuis vingt ans. Vingt ans de souffrances et d'attente. Leurs témoignages étaient bouleversants. Dont celui de Cai Chongguo, aujourd’hui exilé à Paris et qui publie un nouveau livre témoignage J’étais à Tiananmen» : "J’ai vu onze étudiants écrasés par des chars.(…) J’avais l’impression que dans ce monde de folie, tout pouvait arriver".
Tandis qu'ils continuent de se battre pour la reconnaissance du massacre du 4 juin 1989 par le gouvernement chinois, leurs compatriotes ont trop souvent plongé dans l'oubli ou refusent de se souvenir. Quant aux jeunes générations, elles ignorent les faits ou peinent à y croire, leurs livres d'histoire ne consacrant que deux lignes à cet "évènement politique".

Au premier plan, un ancien étudiant de la place de Tian'anmen. Il a été touché par trois balles lors de la répression sanglante.

Les dissidents installés aux Etats-Unis, ont appelé les chinois à porter du blanc, couleur de deuil en Chine, aujourd'hui, date anniversaire du massacre. L’usage d’un moyen pacifique permettra ainsi de rendre hommage aux victimes de Tianamnen. Une lueur d’espoir dans un enfer ?


Photos: leschroniquesdelouise