vendredi 31 juillet 2009

La dernière Shahbanou

Détail de la couverture des Mémoires de Farah Pahlavi

A l'heure où l'Iran se déchire, les Mémoires de Farah Pahlavi, épouse du dernier empereur, sont plus que jamais d'actualité. Tout au long des 400 pages du livre de sa vie, la Shahbanou raconte l'Iran d'autrefois, en plein développement, celui de la Révolution blanche menée par le Shah.
Grande amie de la France- elle fit ses études d'architecture à Paris-, Farah livre aussi ses souvenirs les plus profonds de l'Iran de son enfance. Des années heureuses bien que marquées par la mort de son père, l'homme qu'elle admirait et aimait plus que tout.
Avant qu'elle ne lie son destin à celui du Shah, Reza Pahlavi. En parallèle de son histoire d'impératrice, la Shabanou relate aussi son histoire d'amour avec le premier homme d'Iran.
Puis vint la Révolution islamique en 1979 et l'exil si douloureux, loin de cette terre sur laquelle elle n'est jamais retournée.

Le récit de son départ d'Iran puis des longs mois de lutte contre la maladie du Shah est bouleversant.
Les menaces de mort qu'ils reçurent des islamistes iraniens alors que son mari se mourait dans un hôpital new-yorkais, meurtrirent le coeur de cette femme qui ne comprenait pas pourquoi, après tant de sacrifices pour leur peuple, ils étaient traités ainsi.
"Qu'ont-ils fait de l'Iran?", s'interroge t-elle.

Avant de conclure: "Je sais qu'une fois encore le peuple iranien brisera ses chaînes et relèvera la tête pour reconstruire un Iran moderne, libre, respecté, tolérant et généreux".

dimanche 19 juillet 2009

La voix du poète Peirol

À peine ai-je franchi la porte du musée de Cluny, au coeur de Paris, que le Moyen-Âge me rattrape. Les statues, sculptures et coffrets qui ornent les pièces sont d'une minutie et d'une beauté qui démentent l'appellation de "période noire" qu'on lui donne trop souvent.

Mais ce soir je ne suis pas venue pour les admirer sinon pour écouter de la musique d'époque. Instruments du Moyen-Âge et voix de ténor vont charmer un public des plus divers assis dans la salle des sculptures de Notre-Dame de Paris.


Trois hommes montent sur scène. L'un saisit une vièle, l'autre un tombak, tandis que le troisième, placé au centre, ferme les yeux. Il ne les rouvre que pour faire entendre sa voix. Elle s'élève claire, forte, limpide. Je suis soudain hors du temps, ou plutôt dans un autre temps. Je suis transportée.

Il chante les poèmes de Peirol d'Auvèrnha, poète troubadour du XIIe siècle, qui parcourut le sud de la France, l'Italie, la Syrie et Jérusalem pour charmer de ses chansons. Il naît en 1160. En 1163 la première pierre de Notre-Dame est posée. Une époque littéraire et artistique. Qui a parlé de "période noire"?

La voix continue de s'élever entre les murs de cette magnifique salle où l'acoustique transporte réellement le spectateur. On peut facilement imaginer le roi attablé à son banquet, accompagné de la reine et de sa cour. Ils écoutent Peirol le poète. Peirol chante pour sa Dame, Sail-de-Claustra, mais celle-ci refuse son amour.

"Ben dei chantar puois Amors m'o enseigna"...
"C'est l'amour qui guide mon chant"...

Le temps est suspendu. Il semble que la musique ne s'arrêtera jamais.
Et moi je regarde encore cet homme dont la voix nous fait tous voyager.


Photos: leschroniquesdelouise