vendredi 3 décembre 2010

Un manteau blanc pour l'Irlande

Il neige à Dublin depuis cinq jours et la ville semble coupée du monde. Mais pas le moins du monde inquiète. Dans son grand manteau blanc, elle continue, paisible, ses préparatifs de Noël. Rien n'a changé et pourtant tout est si différent. Les maisons aux portes colorées et leurs petits jardins ressemblent à des gâteaux à la crème auxquels on voudrait goûter. Les routes blanches semblent mener vers des mondes enchantés.

Hier soir, la ligne de tram au sud de la capitale était interrompue tant les rails étaient encombrés de neige. La seule solution était de prendre le chemin de la ville à pied, en marchant sur les voies du tram. Dans les deux sens, chacun marchait tranquillement, en discutant, en lançant des boules de neige, en téléphonant: "j'arrive bientôt à la maison". Les Irlandais sont si sereins face à cette situation exceptionnelle. Ils semblent se délecter dans cette atmosphère bien appropriée pour Noël.

En arrivant en ville, on retrouvait l'animation commerciale, les illuminations de Noël.
Dans un pub en début de soirée, un feu crépitait dans la cheminée, tandis que des visiteurs franchissaient le seuil de la salle transis de froid. La neige s'accrochaient à leurs manteaux et bonnets.
Pour combien de temps encore la verte Irlande restera t-elle sous son grand manteau blanc?



Photos: leschroniquesdelouise

mardi 30 novembre 2010

Mary McAleese au Dublin castle

Lundi après-midi dans la cour du Dublin castle. Les policiers sont au garde à vous, les journalistes, caméra sur l'épaule. Ils sont peu nombreux. Ils attendent pourtant un hôte de marque. "La présidente arrive dans deux minutes", lâche l'un d'eux. Une superbe voiture pavoisée aux couleurs de l'Irlande et de l'Europe franchit les grilles. Mary McAleese sourit à travers la vitre sombre du véhicule. Un militaire en grande tenue lui ouvre la porte. Juste le temps de faire quelques clichés et la présidente est déjà hors de vue.


Photos: leschroniquesdelouise

samedi 20 novembre 2010

Froide beauté

Lorsque j'ai visité la National Gallery de Dublin, j'ai été frappée par cette statue qui trône dans les salles de peintures irlandaises, seule sculpture au milieu des tableaux.
Cette fille est là, dans un coin, tremblant d'épouvante ou de froid, drapée dans son châle.
Elle semble prise au plus fort d'une tempête quand la salle autour d'elle est plongée dans le silence. Seuls les visiteurs déambulent devant elle, s'extasient devant une peinture ou pressent le pas pour gagner la salle suivante.
Les plis de son châle, les mèches de ses cheveux secouées par un vent invisible, donnent presque vie à cette fille pourtant figée dans la sculpture.
Elle est fragile et superbe dans sa froide beauté.


Photos: leschroniquesdelouise

mercredi 10 novembre 2010

Un peu d'Espagne dans la verte Irlande

Au sud de Dublin, à Dundrum, c’est l’inauguration ce soir d’un restaurant aux allures espagnoles. Une salle dont les murs en pierre sont illuminés par de nombreuses bougies accueille les visiteurs. Tapas et vins rouges sont au rendez-vous pour le plaisir des Irlandais en quête d’un peu de sud. « Olé ! » entend-on clamer depuis la première partie de la salle. Deux brunes danseuses ibériques font claquer leurs talons sur le parquet, et tournoient avec leurs grands châles frangés. Un guitariste accompagne leurs pas de sevillanas. Comme l’Espagne est loin, mais comme elle semble proche ce soir. On croirait presque être dans un de ces tablaos de Séville où les gitans chantent des airs tristes et lents durant les chaudes soirées andalouses.

Des serveuses très souriantes remplissent régulièrement les verres des invités d’un délicieux Rioja. Tandis que le gérant du restaurant prononce quelques mots de bienvenue à ses hôtes, deux garçons au style définitivement ibérique s’assoient et acclament les danseuses. A la table voisine, les tapas défilent et l’on veut tout goûter. Des pintxos aux raciones. Puis des churros et du chocolat espagnol. Quel dommage que les voisins de table ne parlent pas castillan.

Une rédactrice de mode irlandaise et sa fille aux cheveux bleus dénotent dans cette ambiance typiquement ibérique. Elles rappellent soudain que cette soirée n’est qu’une parenthèse dans le quotidien dublinois et sa grisaille irlandaise.

Photos: leschroniquesdelouise

vendredi 29 octobre 2010

Les terres du bout du monde

La fin du mois d'octobre est certainement le plus beau moment de l'année pour découvrir l'Ouest de l'Irlande. L’automne s’est emparé de la nature et l’a parée de ses plus belles couleurs. L’ocre et le rouge sont les teintes chaudes qui annoncent les froides journées d’hiver.
Mais surtout, les landes du Connemara sont le couronnement d'un road trip aux alentours de Galway.

J'ai aimé les grandes étendues battues par le vent et la pluie qui vous donnent l'impression d'être au bout du monde, loin de tout.

J’ai aimé les faibles rayons de soleil qui percent à travers les lourds nuages gris du Connemara.

J'ai aussi aimé le soin qu'ont les irlandais à ne pas envahir leurs paysages de constructions et installations pour touristes en manque de (leur) vie citadine.

J’ai aimé la majestueuse abbaye de Kylemore, le château le plus romantique que je connaisse. Il surgit au détour de la route, juste au moment de passer un petit pont. Il est là, fier et pourtant si humble dans le décor grandiose qu'il s'est choisi.

J'ai aimé l'arc en ciel qui a traversé le ciel du Connemara. Véritable pont d’union entre la grisaille et la lumière du soleil.

J’ai aimé les moutons qui paissent dans les prés et grimpent sur les collines les plus pentues. Ils sont les symboles forts de cette région si tranquille.

J’aime le décor féérique, presque magique du Connemara. Une pointe de mystérieux jaillit de ses lacs et de ses montagnes.


Photos: leschroniquesdelouise

lundi 25 octobre 2010

Jockeys et chevaux à Leopardstown

Une après-midi à Leopardstown, dans la banlieue de Dublin. Les courses de chevaux y battent leur plein. Les arbres rougeoient et les dublinois se pressent au champ de course pour parier.
Les jockeys discutent avec leur entraîneur avant de monter sur leur cheval, sous les yeux d'une foule d'habitués qui courent ensuite trouver une place dans les gradins.


A 13h55, la première course démarre. Debout, les spectateurs suivent des yeux leur monture favorite avec des jumelles ou boivent leur bière nerveusement.
Tout va très vite, si vite. Le jockey rose est rattrapé par le bleu, et les chevaux atteignent déjà l'arrivée sous les acclamations de la foule.



L'après-midi va être rythmée par des courses chaque demi-heure. Les spectateurs vont tour à tour admirer les cavaliers et leurs montures de l'autre côté du bâtiment, puis revenir sur le champ de course pour parier et encourager.

Il est 16h et les jockeys montent en selle, tandis que le faible soleil d'octobre laisse place aux nuages. La pluie n'est plus très loin.


Photos: leschroniquesdelouise

mercredi 13 octobre 2010

Chopin s'invite à Dublin sous les couleurs du Brésil

6 pm, Kildare Street.
Une pluie fine tombe sur Dublin lorsque les invités gravissent les marches du Royal College of Physicians d'Irlande. Ils se sont pressés de répondre à l'invitation de l'ambassade du Brésil pour un récital de Chopin avec le célèbre pianiste brésilien Arthur Moreira Lima.

Tout le gratin diplomatique et dublinois, en grande tenue, traverse les couloirs du majestueux College et rejoint la salle du concert où un piano à queue trône devant les chaises rouges. Deux messieurs parlent en portugais, deux autres en anglais. Une dame en robe longue s'assoit dans les premiers rangs marqués "réservés".
Bientôt l'hôte de marque fait son entrée, en queue de pie, applaudi par le public avide de musique. L'ambassadeur du Brésil se lève et, devant le drapeau de son pays, présente en quelques mots l'illustre musicien qui, après des études à Moscou et Paris, s'est produit dans le monde entier.

Un immense silence envahit soudain la salle et le pianiste commence à jouer. Il interprète ce soir essentiellement du Chopin. Polonaise, Sonate, Marche Funèbre, il est transporté par sa musique et transporte son auditoire avec lui. Pianiste depuis l'âge de six ans, la musique n'a plus de secret pour lui et il la fait vivre en même temps que ses doigts courent sur le clavier.
Voici qu'il enchaîne des Valses et termine la première partie de cette soirée par la Valse op 64 n°2. Un véritable enchantement.
A l'entracte, quelques retardataires s'empressent de trouver des chaises restées vides, tandis que d'autres courent se rafraîchir au buffet.

Arthur Moreira Lima sourit lorsqu'il entre à nouveau dans la salle et entame la deuxième partie de son récital. Chopin est toujours au programme. Ballade, Mazurchas et Scherzo. Mais le pianiste a choisi de jouer une valse d'Ernest Nazareth puis la "Festa no Sertão" d'Heitor Villa-Lobos pour terminer la soirée. Avec ces deux derniers morceaux, il lance une invitation au public à voyager dans son Brésil natal. Chaque invité semble fasciné, ému. Et ne cesse d'applaudir le musicien qui achève son récital.

En quittant la salle, chacun salue des connaissances, les mondanités vont bon train devant les buffets. Afin de se remettre de ses émotions musicales, rien de mieux qu'un verre de vin rouge que l'on savoure avec délice au pays de la bière.

vendredi 3 septembre 2010

Le festival de l'image

A Perpignan, le rendez-vous annuel des photojournalistes du monde entier est, une fois de plus, un succès. La ville catalane voit ses terrasses et ses places assaillies par les professionnels de l'image, appareils photo à la main, badges du festival autour du cou. Ils déambulent dans les rues de la ville, d'expositions en conférences, jamais pressés, plutôt décontractés.
Le matin, ils prennent la direction du Palais des Congrès pour des rencontres et débats.
Le soir, ils se pressent au Campo Santo, cloître accolé à la cathédrale, où un écran géant et des gradins accueillent des spectateurs avides d'images. Ces soirées quotidiennes retracent l'actualité de l'année écoulée et développent divers sujets en lien avec l'état du monde. Sous le ciel étoilé et dans le décor silencieux des pierres millénaires du vieux Perpignan, la défense du photojournalisme bat son plein.

L'intérieur de l'église des dominicains où sont exposées les photographies de Michael Nichols sur les séquoias en Californie

Depuis vingt-deux ans, Visa pour l'image envahit, durant deux semaines, les hauts lieux historiques de la ville où de nombreuses photographies sont exposées. Elles présentent des sujets brûlants d'actualité et sensibilisent les opinions.
Les violences contre les femmes indiennes, la guerre de Gaza, les arbres en Californie, les pèlerinages dans les différentes religions du monde, la polygamie aux Etats-Unis, la Jérusalem chrétienne, le séisme d'Haïti montrent bien la grande diversité des expositions de Visa pour l'Image.

Vendredi 3, 19h15. Le Figaro Magazine convie les professionnels du festival à un cocktail dinatoire au Clos St Jean. L'entrée est fermement gardée par de jeunes hôtesses, le carton d'invitation est le sésame précieux de ce lieu privilégié. Dans la cour du restaurant, les buffets regorgent de spécialités aux couleurs du sud. Tout autour, on parle anglais, espagnol, japonais.

Carton d'invitation du Figaro Magazine

19h35. "Oui, c'est vrai qu'il y a beaucoup de photojournalistes", s'exclame une élégante photographe, tandis que son interlocuteur s'épanche sur les difficultés du métier. Une journaliste de Reporters sans Frontières cherche des yeux un visage connu dans la foule. Derrière elle, une femme allume une cigarette en tapotant sur son blackberry. Dans un coin, une tête dépasse toutes les autres: Jean-François Leroy, fondateur et directeur du festival, est très entouré.

20h10. Les invités continuent d'affluer dans la cour contigüe aux murs de la cathédrale.



Samedi 4, 11h, Palais des Congrès. Martina Bacigalupo est l'heureuse lauréate du Prix Canon de la Femme Photojournaliste. Décerné par l'Association des Femmes Journalistes (AFJ) et soutenu par Le Figaro Magazine, ce prix permet de soutenir un projet photos pendant un an et met ainsi en lumière le travail des femmes reporters. Celles-ci préfèrent bien souvent les sujets les plus difficiles et il n'est pas rare de les retrouver pendant des guerres ou dans des contextes de violence.

Canon, principal partenaire du festival, a installé ses quartiers au rez-de-chaussée du Palais des Congrès. Un espace où seul les "badgés" peuvent entrer. Les photojournalistes vont se lover dans les gros fauteuils blancs entre deux conférences, profitent de l'air conditionné, admirent les appareils photo en vitrine ou peuvent aller se faire photographier dans le petit studio aménagé pour l'occasion.

Dimanche, les professionnels de l'image rentreront à Paris, à Londres, à Barcelone, à Tokyo. Et Perpignan retombera dans sa tranquilité méditerranéenne en attendant la prochaine édition de Visa pour l'image.


Photos: leschroniquesdelouise

mercredi 21 juillet 2010

Harem et miniaturistes impériaux

Après mes chroniques de conseils de lectures sur le XVIe siècle français et sur Paris, voici deux suggestions de romans historiques sur la Turquie.
Avec Mon nom est Rouge, Orhan Pamuk, écrivain turc et prix Nobel de littérature 2006, plonge ses lecteurs dans l'univers fascinant de l'Empire ottoman de la fin du XVIe siècle. Il les amène dans les ateliers des miniaturistes du Sultan, dans les maisons turques, dans les cafés où les conteurs s'aident d'ombres chinoises pour relater leurs histoires, le tout sur fond de trame policière et d'intrigue amoureuse.

Détail de la couverture du roman

À chaque chapitre, un personnage prend la parole: être vivant ou mort- Le Noir, Esther, Shékuré, le Cadavre-, ou objet inanimé- l'Arbre, le Chien, la Mort, l'Argent, le Diable. Seul l'Assassin a double voix, puisqu'on ignore qui il est.
Le lecteur est tenu en haleine jusqu'au bout.

La nuit du Sérail de Michel de Grèce reconstitue la vie du Harem dans le palais de Topkapi à Constantinople, à travers le destin exceptionnel de Nakshidil, favorite du Sultan.
Née aristocrate française et âgée de 15 ans, Aimée Dubuc de Rivery est capturée lors d'un naufrage par des pirates barbaresques et vendue au Dey d'Alger qui l'offre en cadeau au Sultan Abdul Hamid. Elle arrive alors dans le Harem de Topkapi pour n'en sortir jamais et Aimée devient Nakshidil.

Détail de la couverture du roman

Face aux enjeux politiques de l'époque avec Bonaparte, la guerre de Russie et les réformes de l'Empire ottoman, Nakshidil parvient peu à peu à gagner les faveurs de son souverain, ne pouvant se résigner à rester oisive et à se gaver de sucreries à longueur de journée, passe-temps favori du Harem.
On découvre comment les femmes vivaient dans ce "palais dans un palais", avec leurs hamams, leurs secrets de beauté, leurs coutumes. Celles qui se faisaient remarquer du Sultan pouvaient mener une vie heureuse et contribuer même à la vie publique du pays, tandis que les oubliées vivaient recluses, ou en véritables esclaves.

dimanche 6 juin 2010

Vibrer avec Mozart

Tandis qu'une chaleur étouffante règne sur Paris, la fin d'après-midi s'étire lentement sous la menace d'un orage. Derrière la place de Catalogne, l'église de Notre-Dame du Travail s'emplit peu à peu d'une foule nombreuse, venue pour écouter un concert : le Requiem de Mozart.

L'architecture n'est pas belle. Les voûtes sont soutenues par des piliers de fer et d'acier, tels ceux qu'ont trouve dans une gare ou une usine. Drôle de cohabitation avec le sacré du lieu.
Pourtant ce soir, dès que la musique s'élève, la beauté des notes de Mozart fait vite oublier le manque d'harmonie dans l'église.

Les choristes sont en noir. Les musiciens en blanc. Chacun retient son souffle quand les violons se mettent à jouer, puis les violoncelles. Le choeur alors commence à chanter, les ténors et les basses d'abord, les sopranes et les alti ensuite. La musique s'envole, puissante, et remue jusqu'au plus profond de son être celui qui, à ce moment précis, écoute le Requiem.
Les quatre solistes s'avancent à présent et, tour à tour, chantent leurs morceaux tandis que le choeur reprend en puissance.

Pendant plus d'une heure, cette dernière oeuvre de Mozart -qu'il ne put achever avant sa mort et fut complétée par la suite- ravit, bouleverse, fait vibrer l'auditoire tout entier.
Voilà que les archets des violons s'agitent, les mains courent à toute vitesse sur les cordes des violoncelles.
La prière pour les morts se termine. Et le public se lève et n'en finit pas d'applaudir le choeur et l'orchestre.

mardi 1 juin 2010

Revoir Rebecca

J'ai revu récemment le film Rebecca, adpaté par Alfred Hitchcock du célèbre roman de Daphné du Maurier. Un magnifique long-métrage où le réalisateur a réussi à restituer l'ambiance propre aux livres de l'auteur.

La nouvelle Madame de Winter, jouée par la charmante Joan Fontaine, est frêle et innocente. Elle ne parvient pas à se sentir chez elle dans sa demeure de Manderley. Tout rappelle l'épouse disparue dans un naufrage quelques années plus tôt et dont Maximilien de Winter semble ne s'être jamais remis.
Ceux qui l'ont connue vantent l'intelligence et la beauté de la défunte Rebecca qui hante encore la maison et les êtres qui l'ont aimée.
Tout au long du film, Max de Winter, incarné par l'élégant Laurence Olivier, parvient à faire douter de la véracité de ses sentiments pour son épouse. Celle-ci, malgré ses maladresses et sa gaucherie, ne va pas tarder à découvrir le terrible secret qui ronge son mari.

C'est un film à voir ou à revoir absolument. Une histoire d'amour en noir et blanc, dont la beauté, le mystère et le dénouement vous laisseront sans voix.

vendredi 7 mai 2010

Souvenirs de Turquie

Les minarets d'Istanbul s'élancent vers le ciel azur, les coupoles des mosquées pointent leur nez au-dessus des toits, les chants des muezzins résonnent dans la cité du Bosphore, le parfum de l'Orient vous ennivre... Le souvenir d'Istanbul ne vous quittera plus.


Au fond de la Corne d'Or, le souvenir de Pierre Loti plane au-dessus du cimetière d'Eyüp. C'est là qu'il vécut son histoire d'amour contée dans "Aziyadé", à relire absolument.

Que reste t-il du romancier français à Eyüp? Un vieux café "Piyerloti" où turcs et touristes savourent les derniers rayons de soleil de la journée.

La cour d'une mosquée à l'heure de la prière ou le rite des ablutions

Atatürk, le visage de la République laïque. Au Palais de Dolmabahçe, dans sa chambre mortuaire, les pendules sont arrêtées à 9h05 précises, l'heure où il s'éteignit.


Bateau-bus sur le bosphore

Le Croissant et l'étoile. Le Croissant et la croix.



Deux thés ou "iki çay"...






Photos: leschroniquesdelouise

Dessins: Sophie Bordeaux

dimanche 2 mai 2010

La vie stambouliote II

Une journée stambouliote commence.
La nuit a été longue pour certains; la vie nocturne à Istanbul est intense (voir ma chronique La vie stambouliote).
Les pêcheurs qui ont passé la nuit sur le pont de Galata plient bagages et vont se coucher, tandis que les premiers bateaux arrivant de la rive asiatique déposent les travailleurs matinaux. Les vendeurs de pain simit crient leurs prix, font le bonheur des gens pressés qui engloutissent leur petit-déjeuner sur le chemin du travail.

Dans la matinée à la Ziraat Bank au-dessus de Çemberlitaş, la file d'attente est impressionante. Des hommes d'affaires traversent la rue et partent pour un rendez-vous.
Dans le quartier des libraires, les étudiants viennent acheter livres et cahiers à prix réduits avant d'aller déguster quelques pains au fromage sur la place de Beyazit devant l'université.
C'est l'heure de la récréation dans la cour d'une école et les enfants jouent devant une statue d'Atatürk ornée du drapeau national.

Le parc de Gülhane offre un spectacle ravissant avec ses tulipes colorées. Quelques femmes voilées bavardent sur l'herbe au soleil.


À l'heure du déjeuner, quelques ruelles en dessous de la mosquée bleue, une famille de gitans est sur le départ pour un mariage. Le marié ne parvient pas à mettre sa cravate, et il partira sans y avoir réussi... La mariée passe en voiture, invisible, derrière des vitres teintées.

À Istanbul, on n'oublie jamais un visage. Maşala salue celui qui, la veille, a poussé la porte de sa pâtisserie.
En fin de journée, à la Teknik Üniversitesi, les étudiants en architecture traversent les immenses couloirs du beau bâtiment et se dirigent vers la sortie, tandis que certains s'éternisent à la cafétéria où la musique est à plein volume.

C'est bientôt l'heure de pointe à la gare maritime d'Eminonü. Les embouteillages de voitures et la foule devant les débarcadères font une drôle de cacophonie.

En début de soirée, à l'ombre de la mosquée de Atik Ali Pasa, une cour intérieure abrite des fumeurs de narghilé. Les murs sont recouverts de tapis, les canapés forment des carrés conviviaux. Les fumeurs, des hommes en grande majorité, suivent un match de foot à la TV, et se détendent en buvant leur thé. Un jeune homme travaille sur son ordinateur mac book au milieu de grands nuages de fumée.

C'est l'heure d'aller danser dans l'Istanbul moderne, là où les petits bars ont étalé leurs tables dans les rues. Les jeunes qui s'y pressent chaque soir contrastent avec la population traditionnelle de certains quartiers de la ville. Une Turquie à deux vitesses. Si vous avez la chance d'avoir la sympathie du gérant du bar, il vous salue comme un vieil ami, vous installe à la meilleure table et vient bavarder avec vous. La nuit stambouliote ne fait que commencer.

Pour conclure cette chronique, voici quelques photos d'un moment historique que j'ai eu la chance de vivre à Istanbul : le gouvernement turc a autorisé, pour la première fois depuis 33 ans, une grande manifestation sur la place de Taksim à l'occasion du 1er mai. Malgré une forte présence policière un peu oppressante, ils étaient plus de 200 000 à être venus de toute la Turquie pour célébrer ce grand jour.




Istanbul, capitale européenne de la culture pour 2010

Photos: leschroniquesdelouise