dimanche 2 mai 2010

La vie stambouliote II

Une journée stambouliote commence.
La nuit a été longue pour certains; la vie nocturne à Istanbul est intense (voir ma chronique La vie stambouliote).
Les pêcheurs qui ont passé la nuit sur le pont de Galata plient bagages et vont se coucher, tandis que les premiers bateaux arrivant de la rive asiatique déposent les travailleurs matinaux. Les vendeurs de pain simit crient leurs prix, font le bonheur des gens pressés qui engloutissent leur petit-déjeuner sur le chemin du travail.

Dans la matinée à la Ziraat Bank au-dessus de Çemberlitaş, la file d'attente est impressionante. Des hommes d'affaires traversent la rue et partent pour un rendez-vous.
Dans le quartier des libraires, les étudiants viennent acheter livres et cahiers à prix réduits avant d'aller déguster quelques pains au fromage sur la place de Beyazit devant l'université.
C'est l'heure de la récréation dans la cour d'une école et les enfants jouent devant une statue d'Atatürk ornée du drapeau national.

Le parc de Gülhane offre un spectacle ravissant avec ses tulipes colorées. Quelques femmes voilées bavardent sur l'herbe au soleil.


À l'heure du déjeuner, quelques ruelles en dessous de la mosquée bleue, une famille de gitans est sur le départ pour un mariage. Le marié ne parvient pas à mettre sa cravate, et il partira sans y avoir réussi... La mariée passe en voiture, invisible, derrière des vitres teintées.

À Istanbul, on n'oublie jamais un visage. Maşala salue celui qui, la veille, a poussé la porte de sa pâtisserie.
En fin de journée, à la Teknik Üniversitesi, les étudiants en architecture traversent les immenses couloirs du beau bâtiment et se dirigent vers la sortie, tandis que certains s'éternisent à la cafétéria où la musique est à plein volume.

C'est bientôt l'heure de pointe à la gare maritime d'Eminonü. Les embouteillages de voitures et la foule devant les débarcadères font une drôle de cacophonie.

En début de soirée, à l'ombre de la mosquée de Atik Ali Pasa, une cour intérieure abrite des fumeurs de narghilé. Les murs sont recouverts de tapis, les canapés forment des carrés conviviaux. Les fumeurs, des hommes en grande majorité, suivent un match de foot à la TV, et se détendent en buvant leur thé. Un jeune homme travaille sur son ordinateur mac book au milieu de grands nuages de fumée.

C'est l'heure d'aller danser dans l'Istanbul moderne, là où les petits bars ont étalé leurs tables dans les rues. Les jeunes qui s'y pressent chaque soir contrastent avec la population traditionnelle de certains quartiers de la ville. Une Turquie à deux vitesses. Si vous avez la chance d'avoir la sympathie du gérant du bar, il vous salue comme un vieil ami, vous installe à la meilleure table et vient bavarder avec vous. La nuit stambouliote ne fait que commencer.

Pour conclure cette chronique, voici quelques photos d'un moment historique que j'ai eu la chance de vivre à Istanbul : le gouvernement turc a autorisé, pour la première fois depuis 33 ans, une grande manifestation sur la place de Taksim à l'occasion du 1er mai. Malgré une forte présence policière un peu oppressante, ils étaient plus de 200 000 à être venus de toute la Turquie pour célébrer ce grand jour.




Istanbul, capitale européenne de la culture pour 2010

Photos: leschroniquesdelouise

2 commentaires:

  1. J'ai autant apprécié cette chronique que la précédente sur la vie stambouliote! elles m'ont permis de faire tomber mes vieux préjugés sur la Turquie...

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