vendredi 18 décembre 2009

Neige et confidences d'un joueur

Depuis la fenêtre et la chaleur de la pièce, je vois tomber la neige sur les arbres du jardin. Doucement, sans bruit, elle se pose, elle s'invite, elle recouvre tout. Elle embellit les arbres et les toits. En les blanchissant, elle leur offre un manteau qui leur donne fière allure. Cette neige qui tombe apaise. C'est le temps de Noël.
Dans la rue, les passants avancent prudemment. La vie continue mais elle est ralentie. Tout Paris retient son souffle.

L'ex-numéro 1 mondial de tennis, André Agassi, est de passage à Paris pour présenter son autobiographie: Open. Il y raconte avoir détesté le tennis, forcé à y jouer dès l'âge de 7 ans par un père qui le terrifiait. Il avoue s'être drogué en 1997 et parle de l'échec de son mariage avec Brooke Shields.

Au forum de rencontres de la Fnac, une longue file d'attente stationne devant le stand où tout à l'heure il viendra s'asseoir. Une contestation s'élève soudain: "Vous trouvez ça normal qu'il ait des droits d'auteur après tout ce qu'il a gagné comme joueur?..."

Lui était-il nécessaire d'écrire ce livre pour soulager sa conscience? En tout cas, André Agassi a voulu faire preuve de courage.

lundi 30 novembre 2009

Le livre en fête

Dimanche, le Palais de la Bourse à Paris accueillait le 25e salon du livre du Figaro Magazine. En fin d'après-midi, les grandes fenêtres du palais étaient toutes illuminées.
200 écrivains s'étaient donnés rendez-vous et leurs fidèles lecteurs n'auraient manqué pour rien au monde ce grand moment: la rencontre avec leurs auteurs préférés et la dédicace de leurs derniers livres.

Immédiatement en rentrant, on ne pouvait que remarquer Jean d'Ormesson, l'homme de lettres et académicien aux yeux bleus et aux cheveux blancs comme neige. Sagement assis derrière sa table, il signait et signait, tout souriant. Je lui ai tendu mon exemplaire de "Et toi mon coeur pourquoi bats-tu", livre où il a recueilli tous les extraits de littérature et de poésie qu'il chérit.

De l'autre côté des tables, la foule se pressait devant Frédéric Beigbeder. Mais étaient aussi assaillis Edouard Balladur, Jean-Louis Debré et Valery Giscard d'Estaing; les hommes politiques devenus écrivains.

Plus loin, Stéphane Bern, droit comme un i et tout sourire. La chaise vide de Patrick de Carolis.
Nicole Lambert et ses albums des Triplés. En face d'elle, trois Jean: Sévillia, le journaliste, Raspail, le romancier, Tulard, l'historien.

Philippe Tesson et son fils Sylvain déambulaient entre les tables. Le père, chroniqueur au Figaro Magazine et à Valeurs Actuelles, regardait le fils avec fierté. Sylvain Tesson a parcouru le monde entier à pied, à vélo, à cheval et écrit les récits de toutes ses aventures.

Caroline Pigozzi, journaliste à Paris Match, présentait son dernier livre "Les robes rouges", consacré aux Princes de l'Eglise: vingt cardinaux y sont présentés et interviewés.

Au fond dans les dernières tables, Michel Déon, tout penché sur sa table, s'appliquait à dédicacer son dernier livre. Un grand écrivain français qui, au crépuscule de sa vie, laisse derrière lui une oeuvre admirable. En le voyant ainsi, je n'ai pu m'empêcher de me remémorer "Un déjeuner de soleil", l'histoire d'un écrivain dont la vie trépidante est inventée de toutes pièces, ainsi que la liste innombrable de ses romans. Un chef d'oeuvre à lire absolument.


Photos: leschroniquesdelouise

vendredi 6 novembre 2009

La vie stambouliote

Vivre à Istanbul, c'est vivre hors du temps.

Façonnée par tant de civilisations et de splendeurs, Istanbul vibre au son des appels à la prière, est rythmée par le passage incessant des bateaux sur le Bosphore et la Corne d'Or, garde le regard tourné vers l'Orient, s'intéresse à l'Europe.

Istanbul sent le thé, le vent, le jasmin, le poisson, la friture, la poussière, la mer.
Les Stambouliotes vivent sous le regard du palais de TopkapI qui, du haut de la ville, semble encore voir les sultans déambuler dans ses jardins.
La Tour de Galata, quant à elle, veille sur l'Istanbul moderne, ses artères commerçantes et ses rues animées le soir lorsque la jeunesse turque fait la fête.
A la nuit tombée, le pont du Bosphore s'illumine, il devient bleu et guide les bateaux qui remontent vers la mer noire.

Il pleut sur Istanbul.

Les mosquées sont grises dans le décor brumeux de la ville. Une foule mouillée entre dans le marché aux épices afin de se réapprovisionner en thé; les pigeons envahissent les marches de la Mosquée Neuve.
Les marchés ne désemplissent pas dans le quartier traditionnel de Fatih, les femmes voilées de noir de la tête aux pieds s'empressent de rentrer chez elles. D'autres vont chercher leurs enfants à l'école, sans oublier de leur acheter un pain "simit" au marchand de rue.

Sur le bateau qui la ramène vers Kadiköy sur la rive asiatique, une jeune lycéenne révise ses cours. Un serveur passe en proposant thés et cafés.
L'appel à la prière résonne dans la fin d'après-midi, quelques hommes d'affaires se déchaussent avec hâte à l'entrée d'une mosquée, les pieds mouillés, et rentrent prier.

Les mouettes volent autour des minarets tandis que la nuit tombe sur Istanbul, une sorte de magie mystérieuse envahit la ville. L'autre visage d'Istanbul. Une nouvelle vie commence lorsque la pénombre a recouvert la cité du Bosphore.


Les jeunes stambouliotes chantent et dansent sur les tubes turcs dans les bars près d'Istikhâl Caddesi, pendant que les pêcheurs s'activent à quatre heures du matin sur le pont de Galata, que les nombreux taxis arpentent les artères de la ville, que les ouvriers réparent les voies du tramway. Istanbul reste en activité. Elle attend une nouvelle journée qui sera illuminée par le soleil.

Ville déchirée entre l'Orient et l'Occident, Istanbul est pétrie de beauté, de liberté, d'authenticité.
Istanbul est une ville où l'on flâne sans jamais perdre son temps. Chaque rue est un spectacle à voir sans cesse, sans se lasser. On s'y évade, s'y perd parfois.

Istanbul est comme un rêve formulé sur le bout des lèvres qui ne finira jamais.

"Il y a dans le Bosphore quelque chose qui semble avoir besoin de la poésie, de la peinture et de la musique pour s'exprimer", affirme l'écrivain Abdülhak Sinasi Hisar.



Photos: leschroniquesdelouise

dimanche 18 octobre 2009

La Turquie aujourd'hui. Et demain?...

Aujourd'hui se clôture le cycle de conférences données à Paris à l'occasion de la Saison de la Turquie en France (depuis juillet 2009 jusqu'à mars 2010). Tous les soirs, rue des Saints Pères, un intervenant turc développait un sujet touchant à son pays.

La Turquie est plus que jamais d'actualité.
Cette Saison- décidée avant l'élection de Nicolas Sarkozy- a pour but de mieux faire connaître ce pays qui intrigue tant les Français. Il les dérange ou bien il les fascine.
Dans les deux cas, il reste tant à apprendre sur la Turquie, pays à cheval entre l'Orient et l'Occident.
Vendredi soir, Kenan Gursoy, Professeur à l'université Galatasaray d'Istanbul et ambassadeur de la Turquie près le Saint-Siège, a évoqué l'Islam en Turquie. Dans un français parfait, il a plaidé pour une meilleure reconnaissance de son pays en Europe et parlé de la tolérance dans le soufisme.

"Aimer ceux qui nous aiment", titrait l'éditorial du hors-série Le Monde, évoquant ainsi un peuple qui nous connaît si bien et que nous connaissons si peu, qui nous admire et qui nous fait peur malgré tout. Pourquoi ne pas saisir cette occasion de la Saison de la Turquie pour mettre de côté nos préjugés et nos vieux clichés sur cet Etat presque européen, semble-t-on nous dire.
Cependant, une question se pose: en demandant son adhésion à l'UE, le peuple turc n'a-t-il pas oublié son identité et son passé culturel? Pourquoi veut-il se lancer dans la grande aventure européenne à notre suite, aventure qui ne fera que "l'occidentaliser" encore plus en dépit de sa grande culture?

La Turquie a vécu comme une grande souffrance le va-et-vient incessant entre l'Orient et l'Occident dans son histoire. Cette souffrance est bien présente dans la poésie et la littérature turque. Plus tard, l'européanisation fut une déchirure. Et le pays garde toujours un pied en Orient. "L'Europe aujourd'hui a les moyens d'assumer ces différences ainsi qu'un dialogue entre les deux continents", a assuré Kenan Gursoy.

Je vous laisse à ces quelques considérations sur ce pays à la fois fascinant et dérangeant. Elles méritent réflexion parce que demain ce pays fera peut-être un grand pas vers l'Europe. Peut-être en effet a-t-il tout simplement besoin de nous. Ou bien n'avons-nous pas besoin de lui.


La Saison de la Turquie en France

Voir les vidéos des conférences

dimanche 4 octobre 2009

Deux blogueurs chez Colette

Chez Colette pendant la fashion week, il y a de quoi vous faire tourner la tête.
Toutes et tous viennent dans la boutique de la rue Saint Honoré, ils y discutent, ils y admirent les nouvelles tendances; c'est le passage obligé durant cette semaine si spéciale pour tous les professionnels et amateurs de la mode, pour ceux qui sont venus de loin, qui ne connaissent Paris qu'avec ce visage là.

Sarah, la fille de Colette, virevolte entre les visiteurs, elle dit un mot à l'un, sourit à un autre, mais elle n'a pas le temps de s'attarder davantage.
Hier, le magasin était plein à craquer, l'escalier ne désemplissait pas.

À l'étage, la blogueuse et illustratrice Garance Doré signait les tee-shirts qu'elle a réalisés en collaboration avec Gap et qui étaient en vente limitée chez Colette. Il faut croire que tous ses fans étaient présents au rendez-vous, la file d'attente ne finissait jamais.

Aux côtés de Garance, Scott Schuman, le blogueur qui photographie des personnes dans les rues du monde entier, mieux connu sous le nom de The Sartorialist. Sa page web est l'une des plus lues de la planète mode.

Avec ses lunettes rondes et ses chaussures à boucles, il était assis derrière sa table, plaisantant avec les vendeuses, souriant à Garance (ces deux-là forment un couple).

Jusqu'à mercredi, les défilés vont continuer de se succéder tout au long de ces interminables journées parisiennes. Certainement les plus ennivrantes de l'année.


Photos: leschroniquesdelouise

mardi 29 septembre 2009

Quand l'automne arrive...

L'été s'en va, l'automne arrive... Le mois d'octobre s'annonce, dans quelques heures il sera déjà là avec ses feuilles jaunes qui envahissent les trottoirs et les parcs. C'est une saison passionnante que celle de l'automne. Le moment de la rentrée des classes, des fournitures neuves, des cahiers qui sentent bon, des crayons bien taillés, des enfants pleins de promesses.

C'est aussi la rentrée littéraire avec ses milliers de livres dans les étalages: les nouveaux, les plus lus, les indémodables, les moins connus. Tous trônent dans les librairies tels des amis qui vous tendent les bras, ils attendent patiemment qu'un lecteur vienne tourner leurs pages...

L'automne à Paris est une saison magique. Un temps de répit avant le grand froid. Tandis qu'elle cherche à prolonger un été qui ne finit pas, la ville se prépare pour l'hiver. On profite des dernières chaleurs du soleil tout en commençant à s'enrouler dans des écharpes et à chausser des bottes.

Il règne un charme qu'on ne trouve que dans les grandes villes; villes où, au son de tout le remue-ménage citadin, on trouve des lieux et des instants de quiétude, des petits rien qui rendent la vie plus belle.

mercredi 23 septembre 2009

Dans les couloirs du Figaro

Boulevard Haussmann à Paris. L’édifice du Figaro est imposant. Mais quand on en franchit la porte, on le trouve tout simplement rassurant. Il est moderne et lumineux à tous les étages.

Sauf peut-être au studio TV, au sous-sol, là où plusieurs fois par semaine défilent les invités du Talk-Orange. Ce matin, Michèle Alliot-Marie est venue débattre. Très élégante, elle s’est entretenue avec les quelques journalistes qui la retenaient avec leurs questions.
Finalement, son attachée de presse l’a conduite vers l’ascenseur ; l’agenda d’un ministre est si chargé. Et de fait, l’après-midi, la garde des sceaux était à l’Assemblée Nationale.

Plus tard dans la matinée, je vois Jean Sévillia à la photocopieuse. Il sourit, s’excuse gentiment de me faire attendre. Nous évoquons le sud où je l'avais rencontré une première fois.

A l’étage du Madame Figaro, le bureau de Stéphane Bern reste désespérément vide. Est-il en train de préparer son prochain « Carnet » pour le Madame ?

Retour au sous-sol. Dans le silence des bureaux de la documentation, je parcours les différents rayons des archives du Figaro et tombe sur un numéro de 1966. Une photo de Philippe Bouvard, tout rajeuni, trône en milieu de page. En bas, une caricature de Pompidou.
Petit saut dans le temps : me voilà en 1991. Le Figaro parle de Massoud, de la maladie de Mère Teresa qui a déjà 81 ans, et il présente un jeune Laurent Fabius en première page.

La veille, Le Figaro a innové sa nouvelle maquette, une présentation plus aérée et plus en couleurs. Les numéros archivés semblent bien vieux. Ils sont les témoins d’une époque révolue.

Le lendemain, à 18h, l’invité du Talk-Orange est Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers. Anne Fulda le reçoit et lui soumet les questions des internautes. De l’autre côté de la vitre, nous suivons le débat sur les écrans.

Quand l’invité aura quitté le studio, les lumières s’éteindront en attendant qu’une nouvelle journée recommence au Figaro.

mercredi 2 septembre 2009

L'agonie du photojournalisme

Voilà que j'écris la 30e chronique de ce blog (merci à vous fidèles lecteurs) au moment où se déroule, pour la 21e année consécutive, le festival international de photojournalisme de Perpignan: Visa pour l'image.

Une fois de plus, la ville est envahie par les photographes et les journalistes, venus du monde entier. La vie perpignanaise s'anime. Les divers lieux d'expositions parsèment le centre ville et accueillent chaque jour des foules nombreuses.
Cette année, on peut admirer des photos de Barack Obama durant sa campagne puis ses premiers jours de président des Etats-Unis. Des photos de la révolution islamique en Iran en 1979. Des photos de femmes de la classe ouvrière américaine plongées dans la misère. Des photos des conséquences de l'urbanisation en Chine. Des photos de Papouasie-Nouvelle-Guinée où quotidiennement le Mont Tarvurvur envoie des cendres sur la ville et ses habitants.

Ce festival est toujours une réussite, pourtant on nous assure que le photojournalisme est en train de mourir... Il agonise malgré ce rendez-vous annuel qui reste incontournable pour les professionnels et les amateurs.


Expositions citées:
Barack Obama: CALLIE SHELL/Aurora Photos/ Cosmos pour Time Magazine
44 jours. L'Iran et la reconstruction du monde: DAVID BURNETT/ Contact Press Images
Upstate Girls. Ce qu'il advint de Collar City: BRENDA ANN KENNEALLY/ Lauréate 2008 du Prix Canon de la Femme photojournaliste
La Cité des Cendres. Quinze années de cendres: une histoire de survie, d'espoir et de ténacité: ULLA LOHMANN

samedi 29 août 2009

Un été grec

La Grèce m'a longtemps fait rêver.
La littérature, la première, m'a donné le goût de la Grèce, le goût des îles grecques, le goût d'Athènes et de sa période antique.
Mais une fois là-bas, il faut se débarasser des hordes de touristes, des clichés et des plages trop bondées pour admirer ce pays dans toute sa splendeur.

Une après-midi dans les ruelles de Oia, sur l'île de Santorin, village réputé pour ses plus beaux paysages au monde. Une musique classique s'échappe de la devanture d'une boutique, nichée sous une arcade. En s'approchant, on distingue des icônes religieuses, probablement en restauration. Ce petit atelier m'a rappelé la gloire passée de la Grèce, celle de Byzance et des premiers chrétiens. Celle des riches marchands qui venaient faire escale dans l'une ou l'autre des îles afin d'enfouir leurs trésors dans ces lieux si cléments.


A Athènes, les ruines de l'Agora m'ont propulsée à l'époque de Platon, lorsque les étudiants se massaient autour des philosophes, à l'ombre des oliviers, bercés par le chant des cigales.



Celles de l'Acropole m'ont laissée imaginer les prêtres grecs monter vers les temples pour déposer leurs offrandes à Zeus ou Athéna.


Sur l'île de Paros, les nuits au bord des plages envahies par les jeunes grecs qui dansent jusqu'à l'aube sur les tubes branchés de l'été, m'ont montré un autre visage de la Grèce, celui de l'Europe.


Les grecs vivent heureux, à l'air libre, sans contrainte. Ils font de leurs terrasses leurs lieux de vie, ils font fi de loi anti tabac, ils s'amusent sans se soucier de la fin des vacances.



Ah la Grèce, comme il fait bon y vivre!


Photos: leschroniquesdelouise

vendredi 31 juillet 2009

La dernière Shahbanou

Détail de la couverture des Mémoires de Farah Pahlavi

A l'heure où l'Iran se déchire, les Mémoires de Farah Pahlavi, épouse du dernier empereur, sont plus que jamais d'actualité. Tout au long des 400 pages du livre de sa vie, la Shahbanou raconte l'Iran d'autrefois, en plein développement, celui de la Révolution blanche menée par le Shah.
Grande amie de la France- elle fit ses études d'architecture à Paris-, Farah livre aussi ses souvenirs les plus profonds de l'Iran de son enfance. Des années heureuses bien que marquées par la mort de son père, l'homme qu'elle admirait et aimait plus que tout.
Avant qu'elle ne lie son destin à celui du Shah, Reza Pahlavi. En parallèle de son histoire d'impératrice, la Shabanou relate aussi son histoire d'amour avec le premier homme d'Iran.
Puis vint la Révolution islamique en 1979 et l'exil si douloureux, loin de cette terre sur laquelle elle n'est jamais retournée.

Le récit de son départ d'Iran puis des longs mois de lutte contre la maladie du Shah est bouleversant.
Les menaces de mort qu'ils reçurent des islamistes iraniens alors que son mari se mourait dans un hôpital new-yorkais, meurtrirent le coeur de cette femme qui ne comprenait pas pourquoi, après tant de sacrifices pour leur peuple, ils étaient traités ainsi.
"Qu'ont-ils fait de l'Iran?", s'interroge t-elle.

Avant de conclure: "Je sais qu'une fois encore le peuple iranien brisera ses chaînes et relèvera la tête pour reconstruire un Iran moderne, libre, respecté, tolérant et généreux".

dimanche 19 juillet 2009

La voix du poète Peirol

À peine ai-je franchi la porte du musée de Cluny, au coeur de Paris, que le Moyen-Âge me rattrape. Les statues, sculptures et coffrets qui ornent les pièces sont d'une minutie et d'une beauté qui démentent l'appellation de "période noire" qu'on lui donne trop souvent.

Mais ce soir je ne suis pas venue pour les admirer sinon pour écouter de la musique d'époque. Instruments du Moyen-Âge et voix de ténor vont charmer un public des plus divers assis dans la salle des sculptures de Notre-Dame de Paris.


Trois hommes montent sur scène. L'un saisit une vièle, l'autre un tombak, tandis que le troisième, placé au centre, ferme les yeux. Il ne les rouvre que pour faire entendre sa voix. Elle s'élève claire, forte, limpide. Je suis soudain hors du temps, ou plutôt dans un autre temps. Je suis transportée.

Il chante les poèmes de Peirol d'Auvèrnha, poète troubadour du XIIe siècle, qui parcourut le sud de la France, l'Italie, la Syrie et Jérusalem pour charmer de ses chansons. Il naît en 1160. En 1163 la première pierre de Notre-Dame est posée. Une époque littéraire et artistique. Qui a parlé de "période noire"?

La voix continue de s'élever entre les murs de cette magnifique salle où l'acoustique transporte réellement le spectateur. On peut facilement imaginer le roi attablé à son banquet, accompagné de la reine et de sa cour. Ils écoutent Peirol le poète. Peirol chante pour sa Dame, Sail-de-Claustra, mais celle-ci refuse son amour.

"Ben dei chantar puois Amors m'o enseigna"...
"C'est l'amour qui guide mon chant"...

Le temps est suspendu. Il semble que la musique ne s'arrêtera jamais.
Et moi je regarde encore cet homme dont la voix nous fait tous voyager.


Photos: leschroniquesdelouise

mercredi 24 juin 2009

Sous la coupole des immortels

De retour de l'Institut de France, je ne peux m'empêcher de "poster" pour vous cette nouvelle chronique.
Il y a quelques heures, le Cheikh, Emir du Qatar, et sa femme, la Cheikha, étaient sous la coupole de l'Institut.
Le motif? L'installation de la Cheikha à l'Académie des Beaux-Arts (l'une des cinq académies composant l'Institut de France et qui compte huit sections d'expression artistique composées de mécènes, artistes et personnalités du monde culturel).
C'est comme membre associé étranger que la première dame du Qatar a été élue à l'Académie.

La garde républicaine était au rendez-vous (et au garde à vous le long du tapis rouge qui ornait la cour d'honneur), mais aussi des personnalités telles que Ségolène Royal, Rachida Dati, la sous-préfet de Paris ou encore la femme et la fille de l'ambassadeur du Qatar à Paris.
Une fois que tout le monde eut pris place sous la coupole, le Cheikh et la Cheikha ont fait leur entrée au son des tambours. Vêtement traditionnel pour lui, habit d'Académicien pour elle.
Il était amusant de voir le contraste entre les habits des Académiciens et ceux de la délégation du Qatar! Un vrai choc des cultures.

Et c'est d'un dialogue des civilisations que la Cheikha a parlé pendant son très beau discours. Réconcilier les cultures, "savoir utiliser les énergies qui sont à l'intérieur de chaque être humain, celles que Dieu nous a données", voilà les défis de l'humanité d'aujourd'hui.
En évoquant l'histoire du calife de Cordoue qui enrichit l'Andalousie d'un grand patrimoine artistique, la Cheikha a voulu montrer qu'un rapprochement entre les idées et la culture est la morale à tirer de cette histoire.
Elle a ensuite parlé de l'art comme valeur essentielle, comme mission noble et éternelle, avant de conclure sur la nécessité de redonner son vrai sens à l'humanité qui est menacée.
De la coupole, nous nous sommes tous dirigés vers la cour d'honneur pour la remise de l'épée à la Cheikha.
Tandis que les Académiciens se tenaient droits dans leurs beaux habits et regardaient avec admiration leur nouvelle consoeur, les proches de l'Emir plaisantaient entre eux. Un sourire étaient sur tous les visages. La réconciliation des civilisations.

Pour clôturer cette splendide cérémonie, une réception en l'honneur de Son Altesse dans les Salons de la Comtesse de Caen.
Tapis rouge et garde républicaine à nouveau. Puis un décor oriental et des mets plus exquis les uns que les autres. Du sirop de rose, des figues séchées avec du foie gras, des patisseries arabes, du thé.

Tout le monde se bousculait pour saluer le Cheikh et la Cheikha.
Dans un coin, Rachida Dati n'arrrêtait pas de discuter, perchée sur ses vertigineux talons.
Il était temps pour moi de quitter les fastes de l'Institut. Saluée par la garde, j'ai franchi le seuil avant de me retrouver dans la foule des touristes qui se massait en face de l'entrée.

Photos: leschroniquesdelouise

jeudi 4 juin 2009

Chine, souviens-toi de Tian'anmen

Ce mercredi 3 juin, la place du Trocadéro a vu une foule se rassembler pour la commémoration du vingtième anniversaire du massacre de Tian'anmen. Pierre Bergé et Marie Holzman-sinologue spécialiste de la Chine contemporaine- ont parlé avec gravité de l'absence de mémoire en Chine. Les droits de l'homme étaient au coeur des discours -en chinois et en français- et chacun était venu pour puiser un peu d'espoir après tant d'années d'oubli voulues par les autorités chinoises.

Pierre Bergé, Jack Lang et Marie Holzman

"Pékin nous doit la vérité", ont déclaré plusieurs dissidents réunis à Paris le 26 mai dernier lors d’une conférence de presse au Grand Palais. J'y ai vu et entendu des chinois réfugiés en France qui n'ont pas revu leur patrie et leurs familles depuis vingt ans. Vingt ans de souffrances et d'attente. Leurs témoignages étaient bouleversants. Dont celui de Cai Chongguo, aujourd’hui exilé à Paris et qui publie un nouveau livre témoignage J’étais à Tiananmen» : "J’ai vu onze étudiants écrasés par des chars.(…) J’avais l’impression que dans ce monde de folie, tout pouvait arriver".
Tandis qu'ils continuent de se battre pour la reconnaissance du massacre du 4 juin 1989 par le gouvernement chinois, leurs compatriotes ont trop souvent plongé dans l'oubli ou refusent de se souvenir. Quant aux jeunes générations, elles ignorent les faits ou peinent à y croire, leurs livres d'histoire ne consacrant que deux lignes à cet "évènement politique".

Au premier plan, un ancien étudiant de la place de Tian'anmen. Il a été touché par trois balles lors de la répression sanglante.

Les dissidents installés aux Etats-Unis, ont appelé les chinois à porter du blanc, couleur de deuil en Chine, aujourd'hui, date anniversaire du massacre. L’usage d’un moyen pacifique permettra ainsi de rendre hommage aux victimes de Tianamnen. Une lueur d’espoir dans un enfer ?


Photos: leschroniquesdelouise



lundi 25 mai 2009

Le nouveau drame d'Almodóvar

Etreintes Brisées. Le nouveau film époustouflant du réalisateur espagnol Pedro Almodóvar. Sans doute l'un des meilleurs qu'il ait tourné jusqu'à ce jour.
On y retrouve d'ailleurs les éléments bien connus de sa filmographie: la jalousie, le secret, la fatalité et bien sûr les femmes. Dont sa muse, l'éclatante Penélope Cruz, qu'il a une fois de plus mise en scène. Il avoue avoir écrit le film en pensant à elle.

Mais pour ce long métrage, Almodóvar a voulu montrer un peu de parité: Lluís Homar et Penélope Cruz se partagent l'écran et forment un couple où lui est cinéaste, elle, actrice. Tout au long du film, le spectateur est chargé de reconstituer le puzzle d'un drame passé. Le réalisateur de film, devenu aveugle, voit ressurgir les souvenirs de son histoire d'amour vécue quatorze ans plus tôt. Dans l'accident qui lui a coûté la vue, il a perdu la femme qu'il aimait.

Des morceaux de photos déchirées, une scène terrible dans des escaliers, le tournage d'un film qui en rappelle un autre (Pedro Almodóvar a repris un extrait de son film Femmes au bord de la crise de nerfs), puis un terrible accident de voiture. Le film est rythmé entre le présent et le passé.

Bien que Blanca Portillo incarne à merveille son second rôle d'amie fidèle, Penélope Cruz semble seule face à la caméra; c'est elle qui porte le film. Une fois brune héroïne aux lèvres rouge sang, une autre, superbe réplique d'Audrey Hepburn ou encore de la blonde Marilyn Monroe, "Pe" est éclatante de beauté dans ce drame almodovarien aux échos hitchcockiens.

Comment décrire cette sensation unique qui saisit le spectateur dès la première image du film, pour ne pas le quitter tout au long du spectacle qu’il voudrait voir se prolonger bien après sa fin ?

Pedro Almodóvar montre du rouge et encore du rouge. Grand aficionado de la couleur, il reste fidèle à ces rappels du drame, du sang et de la passion.
Quant à la photo d'un couple enlacé au bord de la mer, elle est celle à l'origine d'Etreintes Brisées: apercevant des amoureux solitaires sur une plage, Almodóvar décide d'imaginer et de raconter l'histoire d'un homme et d'une femme qui se sont aimés. Et le résultat est, à nouveau, digne du réalisateur.

Avec la dernière réplique prononcée par Mateo- Lluís Homar-, Almódovar signe une déclaration d'amour émouvante au cinéma: "Les films, il faut toujours les terminer, même si on est devenu aveugle".


Lire ce que j'ai écrit l'an passé
Voir aussi le blog d'Almodovar

mardi 12 mai 2009

L'Asie contée par un grand reporter

Une jeune journaliste de 25 ans, Sophie Bouillon, vient d'obtenir le prestigieux prix Albert Londres pour son article sur le Zimbabwe, publié fin 2008.
Créé en 1933 en hommage au journaliste français dont il porte le nom, ce prix récompense chaque année le meilleur reporter francophone de presse écrite, et, depuis 1985, le meilleur reporter audiovisuel.

« Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »
Cette phrase d'Albert Londres (1884-1932) résume bien l'idéal de la profession qu'il exerça pendant plus de trente ans, comme correspondant de guerre puis reporter.

Ses articles et récits de voyages, publiés au début du vingtième siècle dans Le Petit Journal, l'Excelsior ou Le Petit Parisien, reflètent son humanisme et la richesse de son regard face au monde et aux gens qu'il observe.
A travers tous ses reportages, Albert Londres informait sur les zones les plus dangereuses ou les plus fragiles du monde et tentait de sensibiliser l'opinion en utilisant des témoignages.
Il s'est ainsi rendu célèbre en traitant des thèmes comme le racisme ou l'oppression de l'être humain, qui restent toujours d'actualité.

J'ai récemment lu ses Visions Orientales qui regroupent des chroniques sur le Japon des samouraïs, l'Indochine des éléphants blancs et l'Inde de Gandhi. Et je dois dire que celles sur l'Empire du Soleil Levant m'ont particulièrement séduite! Il y décrit des maisons "puériles et délicieuses, sans clef, sans meuble"ou encore des "geishas à la coiffure huilée".
Il raconte le Japon millénaire, puis celui d'aujourd'hui avec ses villes comme Tokyo, la "cité décourageante".

Les chroniques de la "Belle Indochine" et du "Poète indien Tagore contre le mage Gandhi", nous sont narrées sur ce même ton de faux naïf et de curieux face à des coutumes et habitudes si différentes des siennes. Un vrai délice.

Albert Londres disparut dans l'incendie du George-Philipar, paquebot qui le ramenait de Chine, où il semblait avoir réalisé un reportage mystérieux, porteur d'un grand scandale. Le doute demeure encore aujourd'hui.
Quant au journaliste, il est devenu le père du grand reportage.

mercredi 6 mai 2009

Notre village le Monde

Le mois de mai arrive avec ses arbres en fleurs et son doux soleil, et l'année universitaire touche à sa fin. En examens depuis plus de trois semaines, j'ai eu très peu de temps pour écrire de nouvelles chroniques...

Cependant, alors que j'étudiais les politiques de l'Union Européenne ou les échanges internationaux, j'entendais parler de grippe mexicaine et de mondialisation.
En quelques heures, on apprend qu'une épidémie vient de sévir de l'autre côté de l'Atlantique. Et le lendemain, un mexicain peut débarquer à Orly. La Terre est devenu un "village planétaire".

On a ouvert les frontières et abolit les distances. Et Internet a bouleversé nos existences: en quelques clics vous "visitez" les meilleurs endroits de votre prochain voyage ou téléphonez via skype à votre ami exilé en Nouvelle-Zélande pour savoir le temps qu'il fait.

À Paris, on mange chinois, japonais ou africain. À Hong Kong, on s'attable dans un restaurant français.
En voyage au Maroc ou en Russie, on achète à peu de frais des souvenirs locaux, et, ô désespoir! on les retrouve à l'identique dans un petit magasin parisien!
Et dans un coin perdu de l'Inde, des touristes américains retrouvent leur McDonald's national.
Mais qu'avons-nous fait de nos identités nationales? De nos coutumes et de nos cuisines locales? On les distribue pour presque rien à l'autre bout de la planète et on importe chez soi des restaurants mexicains ou thaïlandais...

Et nous, français, noyés dans notre village Monde, allons-nous être aussi "happés" par l'Europe ou bien y construire une nouvelle identité?

dimanche 19 avril 2009

Retour dans le XVIe siècle


Puisque quelques-uns d'entre vous m’ont demandé de commenter certaines de mes lectures, j’ai choisi dans cette nouvelle chronique de vous parler de trois ouvrages qui m’ont fait découvrir la beauté de la France du XVIe siècle, la France de la Renaissance, des châteaux et des rois mécènes. De plus, des séjours en Val de Loire m’ont permis d’apprécier la beauté de ses châteaux.
Le roman de Chambord, comme son titre l’indique, est une longue fresque chronologique qui rapporte les origines du château, les évènements qui s’y sont déroulés, les rois et les hommes qui s’y sont intéressés. Au fil des chapitres, Xavier Patier nous livre l’histoire du plus fascinant des châteaux français. En le lisant, on a envie d’en voir (ou revoir) les imposantes murailles, d’apercevoir sa silhouette au fond de la forêt, de repartir sur les traces de François Ier.

Ces châteaux qui ont surgi à l’aube du XVIe siècle et n’ont cessé de fleurir avec les successeurs de François Ier, étaient des symboles de la puissance royale et du génie français. On les faisait construire pour éblouir l’ennemi, braver l’empereur ou faire rayonner la culture française. Mais ces châteaux étaient aussi le refuge du roi loin de la cour de Paris ou encore un gage d’amour envers sa dame. Ainsi Diane de Poitiers reçut-elle Chenonceau comme cadeau d'Henri II, son royal amant et de vingt ans son cadet.

L’art de vivre au temps de Diane de Poitiers est un portrait vivant de cette femme d’élégance, de beauté et de goût qui, sans avoir eu une vie exemplaire, ne fut pas moins l’une des plus grandes mécènes de son temps et qui rayonna sur son époque.

Mais, bien que ces deux livres soient de précieux guides pour une meilleure approche de la Renaissance, le roman de Jeanne Bourin reste sans conteste celui qui m’a le plus fascinée sur l'histoire du XVIe siècle.

Les amours blessées relatent l’histoire d’amour d’un poète à l’époque d’Henri II, un poète qu’on oublie souvent ou qui fait partie d’un mythe qu’on ne cherche plus à creuser : Pierre de Ronsard a pourtant été le plus grand artiste de son temps. Lors d’un bal à Blois en 1545 il tombe fou amoureux de la jeune Cassandre Salviati; des amours qui durèrent pendant plus de quarante ans et qui furent sources d’inspiration inépuisables du poète.
Cette époque reste assez contrastée avec des conflits qui déchirent l’Europe, des règnes trop courts, des guerres de religions, cependant Jeanne Bourin parvient à reconstituer le cadre de la vie quotidienne d’une femme et d’un homme pris dans la tourmente de leur histoire.

En fermant le livre, on ne peut que se remémorer les vers de Pierre de Ronsard.
Douce beauté qui me tenez le coeur,
Et qui avez durant toute l'année
Dedans vos yeux mon âme emprisonnée,
La faisant vivre en si belle langueur.
Ha que ne puis-je atteindre à la hauteur
Du ciel tyran de notre destinée?
Je changerais sa course retournée,
Et mon malheur je muerais en bonheur.
Mais étant homme il faut qu'homme j'endure
Du ciel cruel la violence dure
Qui me commande à mourir pour vos yeux.
Donc je viens vous présenter, madame,
Ce nouvel an, pour obéir aux cieux,
Le coeur, l'esprit, le corps, le sang et l'âme.

lundi 30 mars 2009

Je ne suis plus en Europe


Une fois de plus me voilà de retour d'un Paris-Madrid, Madrid-Paris. Toujours ce même rituel à l'aéroport: attendre et attendre, passer la sécurité et encore attendre. Finalement, me voilà dans l'avion, installée à côté du hublot et toute heureuse de m'envoler vers l'Espagne.

C'est vrai que depuis déjà plusieurs années ces allées et venues entre la France et la Péninsule Ibérique se sont faites plus fréquentes parce que plus faciles. Et ceci grâce à l'Europe. On en parle de cette Europe mais bien souvent on ne réalise pas tout ce qu'elle a changé dans notre quotidien. De la monnaie unique à l'espace Schengen en passant par les programmes d'études Erasmus, elle nous pousse à partir à la découverte de nos voisins européens.

En survolant la région de Madrid, les autoroutes que je voyais depuis le hublot ont attiré mon attention. Je n'ai pu m'empêcher de repenser au cours de politiques communautaires suivi la veille où il était question de subventions européennes. Le réseau autoroutier espagnol a été construit en très grande partie grâce à ces fameuses subventions. L'Europe a cela de bon qu'elle a aidé les Etats européens dans leur développement économique.

Atterrissage à l'aéroport Barajas de Madrid. "Nous allons vous ramener dans l'espace Schengen", nous annonce t-on. D'où la nécessité de prendre un bus qui nous amène au terminal sans avoir à passer par les douanes.

Il n'y a plus de frontières, seulement cet espace européen qui nous fait passer d'un Etat à un autre sans presque s'en rendre compte. Comme citoyens européens, chacun se sent un peu chez soi en voyageant dans un autre Etat membre.

Seulement voilà, dès que je franchis la porte du terminal, je sens l'odeur de l'Espagne. Des mots castillans jaillissent de tous côtés, on crie, on s'active. Dehors, un splendide soleil luit. Me voilà bel et bien en Espagne, je ne suis plus en Europe.

samedi 7 mars 2009

Un poète au quartier latin

Vendredi, j'avais rendez-vous avec un poète dans le quartier latin. Ne peut-on rêver mieux quand on aime écrire, qu'on est à Paris et qu'on n'imagine pas la vie sans littérature?...
Je le rejoins dans un petit café où étudiants et artistes aiment se retrouver.

L'art d'écrire. Ainsi aurai-je pu intituler ces quelques lignes, car en effet c'est bien ce thème que nous avons principalement évoqué durant toute notre discussion.
Ce poète assez atypique me parle de Baudelaire, des deux qualités d'un écrivain (les idées et le style), de ceux qui n'ont vécu que pour la seule passion de l'écriture, de notre époque qui recherche désespérément de nouveaux Racine, Hugo, Balzac, Colette, Rimbaud...

"Pourriez-vous ne plus écrire?" me demande t-il soudain.

Puis, il me tend l'extrait d'un cours du Professeur Bernard Frank de l'année 1979, où je lis le nom de mon interlocuteur. C'était à l'époque où il suivait ses cours au Collège de France. Le maître décrit ainsi son élève qui "dit avoir du mal à écrire, ne peut le faire qu'immédiatement au réveil, avant de se lever, de manger, comme s'il tirait profit de prolonger en quelque sorte "administrativement" la nuit."

J'aime ces contacts informels qui tranforment quelques instants nos existences et nous donnent de nouveaux réflexes. Je ne peux m'empêcher d'aller ensuite flâner dans les librairies du quartier latin. En quête d'un livre. En quête de mots.

Je voudrai terminer en mentionnant l'ouvrage de Jacqueline de Romilly, Dans le jardin des mots, que j'ai relu récemment et que je vous encourage à lire. Elle essaie d'y faire partager son amour de la langue française. À partir d'un mot qu'elle a choisi, elle en précise les racines, les sens et les différentes évolutions. Ainsi, tout en insistant sur la beauté de la langue française, elle veut aussi évoquer les dangers qui la menacent et souligner la nécessité de soigner notre langue!

mercredi 25 février 2009

L'adieu à une collection



Mardi soir. 19h. L'entrée du Grand Palais est illuminée et vide de monde en comparaison avec les trois jours d'exposition qui viennent de s'écouler.

Ce soir, on procède à la vente aux enchères de la collection d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé, et bientôt les quelques sept cent pièces seront dispersées à travers le monde.

La salle est comble; les enchérisseurs sont, comme la veille, venus nombreux. Et au fond, debout, un public curieux se masse pour voir une dernière fois les objets de cette fabuleuse collection, qui, projetés sur un écran, défilent au fur et à mesure des acquisitions.

Devant, le commissaire-priseur mène la vente avec une dextérité incroyable. Pour chaque nouvel objet, il énonce les montants à mesure que les mains se lèvent. Et le prix grimpe....
Derrière de grands murs provisoires, j'aperçois les salles d'exposition qui ont été admirées pendant toute la fin de semaine. Faute d'avoir pu entrer à cause de la foule trop nombreuse, je savoure ce soir l'ambiance si spéciale qui se dégage de cette vente et je tente de saisir la fascinante personnalité d'YSL à travers sa collection.
Au fond, derrière le public, une longue table permet de consulter les catalogues de la collection. C'est là que je fais la connaissance de Jean-François. Ses cheveux d'une blancheur immaculée s'accordent avec ses yeux bleu clair, et son style hippie avec son regard d'artiste sur le grand couturier. Il me raconte comment il a connu YSL lorsque celui-ci promenait son chien sur le Champ de Mars, puis comment il l'a retrouvé à Marrakech et avait "surgi" dans son jardin!
Jean-François écrit des poèmes sur les robes du soir, alors il a tout simplement demandé au couturier de les lire. "Un homme bon et simple, c'est ainsi qu'était YSL", ajoute t-il.

Nous feuilletons ensemble le catalogue, tout en gardant une oreille du côté des ventes : "30,000 euros !"... Une photo du couturier captive notre attention.
Jean-François m'avoue qu'il est indigné qu'une vente atteigne de telles sommes... Tandis qu'une dame derrière moi marmonne: "Ils auraient quand même pu faire des dons...!"

Jusque tard dans la soirée les enchérisseurs resteront sous la verrière du grand palais, pour tenter d’acquérir quelques pièces d’une collection incroyable dont la vente aux enchères restera dans l'histoire.
Photos: leschroniquesdelouise

dimanche 1 février 2009

Escapade portugaise

Paris s’est rafraîchi en quelques jours et avec ce froid revient le soleil… Le soleil qui soudain rappelle le Sud et l’été, et me ramène au souvenir d’un voyage au Portugal.

L’azur profond du ciel portugais, l’odeur des sardines grillées et du sel de la mer : c’est Lisbonne. Une ville au bord du Tage et tournée vers l’Atlantique qui sort peu à peu de sa somnolence… Un souffle de gaieté imprègne Lisbonne, ses ruelles colorées, son port, ses miradors fabuleux.

En parcourant ses vieux quartiers, on peut voir des balcons ornés de drapeaux ou entendre des musiques s’échapper des fenêtres. Lisbonne semble encore engourdie par son histoire et ses souvenirs en même temps qu’elle s’éveille au rythme nouveau de l’Europe.

Les portugaises affichent un style particulièrement « branché » et donnent une image assez contradictoire avec celle très traditionnelle du Portugal.
Les boutiques vintage et les cafés en vogue du Barrio Alto en sont la preuve. Et le soir, les rues du quartier s’emplissent de jeunes qui boivent un verre et discutent tard dans la nuit en restant sur les trottoirs, devant les bars.


La discrète Lisbonne semble bien décidée à s’affirmer dans un futur proche !

Photos: leschroniquesdelouise